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En souvenir de Daniel Birnbaum

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Le Centre de Recherche en Cancérologie de Marseille fête ses 50 ans ! -

Daniel Birnbaum, décédé le 21 septembre 2024, était un chercheur émérite, reconnu pour son travail remarquable et son engagement indéfectible au sein de notre institut. Sa passion pour la recherche et son dévouement ont inspiré de nombreux collègues au fil des années.

Au-delà de ses accomplissements scientifiques, Daniel était également un homme apprécié et respecté de tous. Il a su créer des liens forts avec chacun d’entre nous, partageant généreusement ses connaissances et son enthousiasme. Ses contributions ne se limitaient pas aux projets de recherche, mais s’étendaient également à l’esprit de communauté et d’entraide qu’il a toujours encouragé au sein de notre équipe.

Nous garderons le souvenir d’un homme d’exception, qui a marqué nos vies par sa bienveillance et son intelligence. Son départ laisse un vide immense, mais son héritage perdurera à travers les recherches qu’il a menées et les liens qu’il a su tisser parmi nous.

Nos pensées vont à sa famille et à ses proches en cette période difficile. Nous avons tenu à consacrer un espace en l’honneur de Daniel où nous avons réuni les nombreux hommages qui lui ont été rendus.

 


« Nous avons appris samedi une terrible nouvelle. Notre collègue et ami Daniel Birnbaum est décédé ce week-end. Je me suis permis de transmettre à sa famille les condoléances de la part du personnel du CRCM et de l’IPC.

Daniel a été mon superviseur de thèse en 1992-95 et m’avait recruté comme chercheur INSERM dans son équipe en 1998. Médecin et scientifique, il a beaucoup apporté à notre centre, à notre hôpital et au-delà.

Daniel nous a légué des contributions majeures sur la compréhension des anomalies moléculaires du cancer et aura marqué des générations de chercheurs par sa forte personnalité et sa passion pour la recherche, au service des patients. J’aimais beaucoup Daniel et je suis très triste. »

Jean-Paul Borg


« Comment j’ai fait partie de l’équipe de l’OM sans avoir jamais touché un ballon.

A l’époque, l’équipe à laquelle j’appartenais vivait ses derniers mois et il me faillait me trouver un nouveau point de chute.

J’ai su, des années plus tard, que de son côté, Daniel avait flairé la disparition inéluctable de notre équipe et avait décidé de faire une OPA (c’était son terme !) sur les 2 ITA restants. Sans que nous ne le sachions, deux bureaux nous avaient été réservés dans les nouveaux locaux de son équipe, à l’occasion de la re-création de l‘unité.

L’opération a innocemment commencé par une nouvelle proposition de collaboration entre les deux équipes. Puis, progressivement, c’est la totalité de mon temps de travail qui s’est retrouvé absorbé par les projets de l’équipe de Daniel. Ce qui a nécessité que j’assiste à quelques-unes de leurs réunions de labo. Puis à toutes les réunions de labo. De manière informelle et sans plus de paroles que ça, je me suis mise à appartenir, de fait, à l’équipe d’Oncologie Moléculaire. Mon bureau et mon rattachement officiel restant, pour l’instant, inchangés.

L’opération a allègrement continué lors de la visite de la commission de re-création de l’unité. Devant les évaluateurs, les chefs d’équipe et les ITA au grand complet, Daniel a, tout naturellement, affiché l’organigramme et la liste des personnes composant sa future équipe. J’y figurais nommément et clairement. Ceci, à ma grande surprise, puisque, la aussi, aucune parole n’avait été échangée. Et, une fois de plus, ce pas supplémentaire n’a causé aucun commentaire, ni aucun remous.

La collaboration déjà existante, le dynamisme de l’équipe, les projets, les techniques innovantes, la présence de quelques collègues sympathiques, tout pointait vers l’équipe dirigée par Daniel Birnbaum.

C’est donc moi qui ai clôturé l‘opération en prenant rendez-vous, de moi-même, avec la direction pour mon rattachement définitif à l’équipe d’Oncologie Moléculaire.

OPA réussie, sans paroles et tout en douceur : Bravo l’artiste !

Je suis restée une vingtaine de saisons dans l’équipe (de l’)OM. J’y ai vécu ASXL1, l’épopée du NGS, la montée en Médecine Personnalisée, et bien d’autres aventures.

J’en garde une immense gratitude. Merci toi, Ô-Daniel-mon-chef !! »

Nadine Carbuccia

L’attente détendue avec son équipe.

 

La photo de l’équipe 18 : les Olé Alé.
Inspiré d’un chant de supporters de football « Olé, Olé, Allez ».

 

L’inscription. Pour homogénéiser les équipes, on demandait leur âge aux participants. A 69 ans, Daniel était le vétéran de l’assemblée.

 

Le baby-foot humain : Un compétiteur affuté !

 


« Mes chers amis, le 21 septembre 2024, notre monde de la cancérologie et de la recherche a perdu l’un de ses plus brillants esprits, Daniel, et nous sommes réunis pour lui rendre hommage.

Sa vie professionnelle est un exemple : médecin de formation, major en première année de médecine, puis interne des hôpitaux de Paris, il s’est vite intéressé à la recherche contre le cancer. Thèse de science au Centre d’immunologie de Marseille Luminy. Puis post-doc de 82 à 85 au prestigieux Cold Spring Harbor (USA), dans le temple des premières identifications d’oncogènes. Il contribua notamment à la caractérisation de KRAS, convaincu que l’identification de ces oncogènes et la compréhension de leur activation pourraient expliquer la formation des cancers. De retour en France, il intégra l’INSERM où il devint Directeur de recherche en 1991, puis Directeur de Recherche exceptionnel en 2006. Son bilan en recherche est exceptionnel en termes de publications (>900), de prix scientifiques, de conseils scientifiques, de formations, etc

Je connaissais bien Daniel qui fut mon mentor scientifique depuis notre première rencontre il y a plus de 30 ans.

Je l’ai rencontré en 93 lors de mon internat de médecine sur les conseils de D Maraninchi et P Viens pour effectuer mon DEA dans le laboratoire de transfert qu’il avait créé à l’IPC, l’un des tous premiers du genre en France.

Après un entretien rapide (il allait toujours droit au but), il accepta de me prendre pour un an dans son laboratoire. Laboratoire que je n’ai au final plus jamais quitté ensuite en parallèle de mon activité clinique, et dans lequel je me suis épanoui à ses côtés et aux cotés de ses autres complices ici présents comme Max, José, Pascal, Nathalie, et tant d’autres.

Par son courage et sa générosité, Daniel a passé sa vie à apprendre et à transmettre aux autres. Il a inspiré et formé dans son laboratoire un très grand nombre de médecins, pharmaciens, chercheurs à qui il a su transmettre le virus de la recherche translationnelle.

Pionnier en génomique des cancers, il a permis à l’IPC d’acquérir une notoriété internationale dans le domaine, notamment sur le cancer du sein et les leucémies.

Il était doté d’une intelligence remarquable qui lui permettait de saisir les nuances les plus subtiles des situations et d’apporter des solutions éclairées. Cette intelligence était accompagnée d’une bienveillance permanente qui faisait de lui un ami précieux et un chef sur lequel on pouvait toujours compter. Il était plein de finesse et d’humour, de sagesse, de cœur, de courage et de caractère, de classe. IL débordait d’enthousiasme, toujours plein d’idées, de curiosité dans un seul but : faire progresser les connaissances pour guérir le cancer.

Il était passionné pour la recherche, travailleur acharné toujours disponible, toujours à l’écoute. Il savait allier rigueur et plaisir, montrant à chacun d’entre nous l’importance de poursuivre ses passions avec enthousiasme.

Et comme les grands, il est toujours resté humble, discret, humain. Il n’aimait pas se mettre en avant, et encore moins parler de lui. Sa lumière émanait naturellement de sa personnalité authentique. La simplicité était importante pour lui, « c’est le plus bel habit de la grandeur », disait-il.

En plus d’être un mentor, il est très vite devenu un ami. On a partagé la même passion du foot pendant plus de 30 ans avec plus de 1000 matches ensemble. Daniel était le goal officiel de l’équipe et quel goal ! avec des arrêts de classe internationale qui dégoutaient les équipes adverses. IL faut dire que comme en recherche, il y mettait un sacré engagement, une sacrée énergie avec des sorties musclées très redoutées des attaquants adverses.

Par son départ si brutal et trop prématuré, Daniel laisse derrière lui un héritage scientifique et humain inestimable que nous devons honorer en poursuivant notre engagement contre le cancer. Daniel nous a quittés, mais son héritage de passion, de gentillesse, d’enthousiasme et de bienveillance continuera de vivre à travers chacun d’entre nous. Nous avons même la chance d’avoir encore un peu de lui en Emilie, sa belle-fille chercheuse qu’il aimait tant et qui co-dirige le laboratoire de Daniel avec moi.

Daniel, désolé d’avoir été un peu long. Tu aurais surement « taillé » un peu le texte comme tu le faisais si bien dans nos articles. ET MERCI encore pour tout ce que tu nous as apporté. Tu nous manqueras profondément et tu resteras à jamais dans nos cœurs. »

François Bertucci 


« Daniel a été une des personnes les plus importantes dans mon parcours professionnel. Il m’a permis d’accomplir ce que je prévoyais de faire en cancérologie ,

Notre formation était si différente, mais durant plus de vingt ans nous avons réuss, à construire le plus d’interface possible dans le domaine du cancer du sein sporadique ou d’origine génétique. Notre besoin naturel d’étudier la réaction immune s’étant trouvé satisfait à la fin de notre collaboration. .Depuis l’annonce de son départ , je me repasse le film de cette aventure, et je mesure la chance d’avoir pu rencontrer ce grand humaniste .

La tristesse de sa mort est consolée par la mesure du travail accompli avec une ténacité respective positive.

Pour sa famille aimante avec ma reconnaissance. »

Jocelyne Jacquemier


« Daniel était curieux de tout.

Curieux de sciences, bien sûr. Cette curiosité l’a amené à explorer en dehors du champ déjà très large de la cancérologie, vers d’autres modèles animaux (nématode), ou vers la phylogénie et l’évolution des génomes.

Curieux d’art sous de multiples formes. Daniel m’avait avoué qu’il s’ennuyait en école de médecine (il avait tout de même fini major de sa promo…), et s’était inscrit en parallèle aux Beaux-Arts. Beaucoup connaissaient sa passion pour la bande dessinée ; il aimait aussi peindre et aussi photographier (certaines de ses œuvres, non-signées, étaient exposées dans son bureau). La musique était loin de le laisser indifférent, et je me rappelle de discussions à bâton rompu sur l’histoire du rock dans la « cafet » de notre vieux préfabriqué.

Curieux de sports aussi. De foot bien sûr ! Le choix du nom de son équipe, OM pour Oncologie Moléculaire, n’était pas étranger à cette passion. Mais Daniel pratiquait aussi le hand-ball (en tant que gardien également), le trekking, ou encore l’escalade.

Curieux de tout, Daniel était un homme passionné, et profondément passionnant pour tous ceux qui l’ont côtoyé. »

François Coulier


« Je me rappelle le jour de ma soutenance de thèse, Daniel était parmi les membres de Jury et la première chose qu’il a dit « j’apprécie beaucoup Marwa car elle est la seule qui me tutoie au CRCM… je me sens encore jeune »… Daniel était comme un grand père pour moi en étant loin de ma famille en Tunisie, il était comme une famille pour moi en France. Il restera à vie présent dans mes pensées et mes prières ! Repose en paix ! 

Merci encore pour tout ! »

Marwa Manaï


« Après les hommages solennels, je vais vous raconter quelques anecdotes sur Daniel.

J’ai connu Daniel en 1980 quand, venant de Paris au CIML en tant qu’étudiant en thèse sous la direction de François Kourilsky, nous partagions le même laboratoire du 9ème Est.

Daniel était passionné par la recherche au point de nous dire qu’il serait prêt à payer pour être chercheur. C’était aussi un étudiant toujours pressé, qui sortait nos tubes du compteur de radioactivité ou arrêtait nos centrifugations car ses manips de cinétique ne pouvaient attendre mais manips qu’il organisait en fonction des matchs de foot de la coupe du monde 1982, passionné qu’il a toujours été par ce sport.

Il aimait aussi s’amuser avec les amis du labo, quelques-uns d’entre eux sont ici mais d’autres sont aussi partis bien trop tôt, pour exemple édifier une statue en plâtre pour Sainte Cloneuse, faire des batailles de glace dans les couloirs du CIML ou jeter des gants remplis d’eau du 9ème étage pour arroser les copains passant en dessous.

En 1989, j’ai rejoint son équipe à l’U119 devenue le CRCM et il a été mon chef pendant 15 ans, il m’a permis de travailler avec Olivier et Jean-Paul.

Et là, j’ai découvert que sa pièce préférée était la chambre noire où nous développions les films d’autoradiographie car nous en sortions avec les résultats tous dégoulinants : crible de banques de cDNA, séquences, Southern blots, northern blot et autres western blots, il ne laissait à personne le soin de changer les bains de révélateur et de fixateur, en témoignait sa blouse fétiche tâchée de marron à cause du révélateur.

Il était généreux et toujours prêt à aider la communauté comme lorsqu’il a participé au nettoyage de l’animalerie inondée par la crue de l’an 2000. Il était là, avec nous, les pieds dans l’eau, dans le noir et les odeurs nauséabondes des cages, à faire blagues sur blagues et en chantant pour nous donner du courage.

Voilà, ce sont quelques souvenirs joyeux de Daniel, parmi beaucoup d’autres, que je n’oublierai pas et que je partage avec vous. »

Sylvie Machetto


« C’est avec beaucoup d’émotion et une certaine nostalgie que je me souviens de mes années de thèse sous la direction de Daniel à « l’Unité 119 ». Comment oublier sa passion pour la recherche fondamentale qu’il considérait comme essentielle et réussissait, d’une main de maître, à faire dialoguer avec la recherche médicale en oncologie. Je garde en mémoire le jour, ou, comme à son habitude, il était passé en fin de journée de bureau en bureau demandant à chacun « Alors …quoi de neuf ? ». Et ce jour-là, au microscope, nous avons vu, pour la première fois, s’illuminer une kinase oncogénique au centrosome. Quelle surprise et quelle joie partagée!

Anticipant déjà les prochaines expériences qu’il pourrait nous proposer, Daniel est immédiatement parti poser sur le papier les premières lignes d’un prochain article. Son sourire et son enthousiasme à chacun de nos résultats portaient nos longues heures au laboratoire. C’est grâce à lui, à la confiance qu’il plaçait en chacun de nous et pour des moments comme celui-ci que j’ai choisi de continuer sur les chemins sinueux de la recherche fondamentale.

Oui, Daniel savait écouter, nous traitait d’égal à égal tout en transmettant à chacun de nous son exigence scientifique. Toujours dans l’ombre, Daniel a, par la suite, été présent à chaque étape de ma carrière. Sa bienveillance, sa simplicité et ses conseils continueront de me guider dans la direction de mon équipe de recherche au Centre de Recherche de Biologie cellulaire de Montpellier, dans mon implication auprès de la Ligue contre le Cancer pour laquelle il s’est tant investi et dans ma vie de tous les jours. Merci, Daniel d’avoir laissé une empreinte indélébile sur nos vies. »

Bénédicte Delaval


« Anecdote : c’était un jeudi de séminaire interne et la dernière présentation était celle de Daniel. A la cantine, mon étudiant se tourne vers moi et m’avoue dans un marseillais parfait : « Oh pétard, la dernière près là, le truc d’immuno, comme j’ai rien capté. »

Je lui donne un petit coup de coude car il n’avait pas vu que Daniel était à juste à notre table, caché par notre chef. Mon signal n’a pas dû être clair car il a ajouté « Il m’a satellisé le mec avec les FACS et les marqueurs ».

Et Daniel se lève, plateau vide, se positionne derrière nous et dit à mon étudiant avec un petit sourire : « Tu sais, ce n’était pas de l’immuno ».

Voilà c’était Daniel. »

Pierre-Marie Dehé


« C’est un grand chercheur qui nous a quitté. Oui, Daniel Birnbaum fut un chercheur de très haut niveau.
Docteur en médecine et en biologie humaine, il avait le profil idéal, devenu trop rare. Par la qualité de ses travaux, Daniel a été reconnu très vite par notre institut. Son caractère décidé était sa force. Indépendant, passionné et grand humaniste, il fut un chercheur qui trouve, qui transmet, qui forme, un veilleur éveillé.
Sa demande d’éméritat déposée auprès de l’Inserm est très révélatrice de l’homme qu’il était. Je citerai deux passages de ce dossier qui mettent en exergue sa philosophie :

« Plus de 150 personnes sont passées dans mon laboratoire au cours de ces années : des étudiants, des chercheurs, des post-docs, des médecins etc. La plupart a trouvé un emploi ou obtenu des promotions. Finalement avec quelques découvertes, c’est dont je suis le plus fier »

Et

« Ce CV est succinct et incomplet. Il ne comporte aucun détail sur la valorisation, l’animation scientifique, les collaborations, l’encadrement, les jurys… je n’ai pas gardé ces informations. »

Il est en effet demandé de fournir un CV complet. Daniel n’avait pas besoin d’en faire des tonnes, il se savait reconnu par son institution et ses pairs. L’inserm et ses pairs savaient qu’il jouait en Champion League (petit clin d’œil à cet amoureux du football).

Oui, Daniel Birnbaum a marqué l’histoire de l’Inserm. »

Dominique Nobile


« Chers membres de la famille de Daniel, chers collègues chercheurs,

Comme c’est triste d’apprendre un dimanche soir, par les réseaux sociaux, qu’un homme que nous avons connu et apprécié, s’en est allé, brutalement.

Nombreux sont ceux parmi nous qui ont connu Daniel comme collègue, chercheur hors pair et ayant profondément marqué la recherche sur le cancer du sein, homme brillant et généreux avec les jeunes chercheurs. Nous avons eu aussi à connaître Daniel sous un autre angle, celui d’expert bénévole pour le Conseil Scientifique Nationale de la Ligue.

Les traits les plus marquants de la personnalité de Daniel s’exprimaient tout naturellement pendant nos séances de travail. La recherche de l’intérêt supérieur de la « bonne science », pas en tant qu’idéal, mais dan l’objectif d’apporter des résultats qui pouvaient améliorer le pronostic des patients, en bon médecin, était son seul souci.

Nous gardons en mémoire des discussions passionnées et nourries, avec un Daniel défendant avec ténacité sa position, convaincu qu’un tel projet devait vraiment avoir une chance de se poursuivre, parfois avec beaucoup d’ardeur, mais toujours avec une bonne foi éclatante.

La Ligue était loin d’être pour Daniel une source de financement ; elle était une cause et un combat. Nous avons encore ce souvenir, lors d’un colloque de la recherche en 2017, où il exprimait presque ses regrets devant les Ligueurs de ne pas avoir pu faire plus, qu’il y ait encore des femmes qui meurent du cancer du sein. C’était très touchant.

La Ligue était pour Daniel un réseau d’amis sincères au sein des comités, comités qui lui sont restés fidèles en soutenant une recherche visionnaire pendant un quart de siècle. Nous vous faisons part aujourd’hui de la tristesse profonde des bénévoles de ces comités ayant connu Daniel.

Avec Daniel, un Ligueur s’en va aussi. Nous tenions à le saluer une dernière fois.

Les membres du Conseil Scientifique National de la Ligue contre le cancer. »

Iris Pauporté

Daniel Birnbaum - Ligue de cancer


Equipe Oncologie Daniel Birnbaum

Lynda Addou


« Mes chers Amis,

Mon Ami Daniel a rejoint les étoiles….

L’émotion est grande, la tempête souffle, et une de mes racines s’est dérobée.

L’arbre que je suis vacille…. Mais, lui rendre hommage est un devoir d’amitié.

Comme nous avons pu l’entendre au cours des précédentes prises de paroles, sa vie professionnelle a été un exemple pour tous ceux qui l’ont côtoyé.

Pendant 30 ans, j’ai eu la chance de travailler à ses côtés. Il m’a tant appris et tant donné !
Daniel était bien plus qu’un chercheur exceptionnel, il était un mentor, un ami et une source intarissable d’inspiration dans plusieurs domaines.

Dire que Daniel a consacré sa vie à la recherche sur le cancer, avec une détermination sans égale et sans compromis, serait un doux euphémisme…

Exceptionnel, il l’a été à de multiples titres…

Dans sa capacité à nous transmettre son enthousiasme, à nous faire partager sa vision.

Il avait ce don de rendre les concepts les plus complexes accessibles à tous. Je me souviens que pour expliquer la nécessité de caractériser moléculairement une translocation dans les leucémies, il avait pris et cassé deux crayons différents et pointé les zones de cassures.

Pionnier dans la caractérisation d’oncogènes dans les cancers dès son post-doc, il était convaincu que l’identification de ces gènes particuliers et la compréhension moléculaire de leur activation pourraient expliquer la formation des cancers.

Sans compromis… il voulait mieux comprendre la maladie pour mieux la traiter.

Il jonglera ainsi entre recherche fondamentale et la recherche de transfert. Il œuvrera intensément dans cette vision de la recherche collaborative avec la volonté de créer cette proximité entre chercheurs et médecins dont des pathologistes.

Daniel avait ouvert la voie de ce concept, et c’est en 2005, que l’IPC créera le bâtiment de biopathologie du Cancer. Il avait d’ailleurs supervisé les plans afin de s’assurer que les échanges pluridisciplinaires soient optimums.

Ses contributions scientifiques furent concrètes et tout aussi exceptionnelles. Ses travaux développés au sein de ses équipes ont inspiré et inspireront des générations futures de chercheurs.

1 -sur la caractérisation moléculaire d’altérations dans différents types de cancers tant dans des tumeurs solides que dans les leucémies. Certaines d’entre elles ont constitué de nouveaux moyens au diagnostic ou des facteurs au pronostic.

2- sur l’identification et la caractérisation moléculaire des potentiels des cellules souches cancéreuses dans les mécanismes de récidives. Ceci modifiera probablement le futur du ciblage thérapeutique des tumeurs enrichies en cellules souches cancéreuses.

3- sur la médecine de précision.

Malgré les progrès, certaines tumeurs ou leucémies sont agressives et résistantes à plusieurs lignes de traitement conventionnel. Que pouvions nous faire pour ces patients ? Comment pouvions nous épauler les oncologues dans leur stratégies thérapeutiques face à la maladie métastatique qui tue les patients ?

Comme il le disait si bien… « le cancer est une maladie complexe et hétérogène » … Aussi le cancer du sein de Madame Dupont ne sera jamais le cancer du sein de Madame Durand ». Nous devrons donc pour chaque patient identifier leur talon d’Achille sur la base des analyses génomiques. C’est ainsi, que nous avons été parmi les premiers à développer et mettre en place la médecine de précision tant dans les tumeurs solides que dans les leucémies chez les patients présentant des cancers avancés ou leucémies réfractaires. 

4- et enfin, le développement de nouveaux médicaments

Grâce à ses travaux, l’IPC a acquis une notoriété nationale et internationale dans le domaine de la génomique des cancers. Merci Daniel !

Comme entendu précédemment, reconnu par ses pairs, Il fut lauréat de nombreuses distinctions scientifiques.

Mais, Daniel avait l’humilité et la générosité des grands…

Toujours en retrait sur les photos d’équipes, il nous laissait la lumière. Il disait « sans mes équipes, je ne suis qu’un chef d’orchestre sans musicien »…. Entre nous, nous avions compris depuis longtemps que ses silences composaient notre harmonie….

Toujours soucieux de bien faire, Daniel se posera bien souvent la question « est-ce que nos recherches sont utiles pour le patient ? » Les connaissances et savoir-faire issues de ses équipes ont toujours été transférés à la clinique.

Il nous a tant appris et tant donné !

Nombreux sont les médecins, pharmaciens et chercheurs qui ont parcouru un bout de chemin avec lui. Ils ont vécu une partie de l’aventure et se sont épanouis.

Engagé, passionné, ce passeur de savoir et d’espérance nous a laissé un héritage scientifique hors du commun. Comme lui, sans compromis, gardons le cap en poursuivant le combat contre la maladie et en s’inspirant des valeurs qui nous a transmises.

Aujourd’hui, comme vous tous, je suis dévasté par la tristesse. Mais j’éprouve aussi une immense gratitude d’avoir croisé sa route. Je me souviendrai longtemps de sa voix, de son sourire, de sa gentillesse et des moments de partages où sa bienveillance m’était toujours offerte.

A ses côtés, l’insouciance de notre amitié s’écoulait dans le sablier du temps sacré sans prendre conscience qu’un jour cela finirait. Bien sûr, égoïstement, je voudrais tant retourner ce foutu sablier et revivre encore ces moments dans l’inconscience de ma propre finitude.

D’une grande humanité, il restera lumineux à mon cœur et à mon esprit tel un phare dans la nuit.

Merci Daniel… tu vas terriblement me manquer. »

Max Chaffanet


Vos souvenirs et témoignages en hommage à Daniel Birnbaum sont encore les bienvenus. N’hésitez pas à nous les envoyer afin d’enrichir cette page de souvenirs partagés (communication.crcm@inserm.fr).