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Le Centre de Recherche en Cancérologie de Marseille fête ses 50 ans ! -

Claude MAWAS

Directeur de l’Unité U119 «Unité de Recherche en Cancérologie et Thérapeutiques Expérimentales» de 1985 à 2000

Livret commémoratif

L’Unité 119, première unité de recherche intégrée sur le cancer en France

D’un point de vue pratique, la cancérologie est une discipline complexe, car de tout temps elle a associé la clinique, la pharmacologie et la recherche. Lors de ma prise de fonction en 1985, ce type de groupement n’était présent qu’aux Etats-Unis, où les Centres Anticancéreux ou Comprehensive Cancer Centers, étaient tous des organismes polyvalents. Ma rencontre avec Dominique MARANINCHI, alors Directeur du Département de Thérapie Expérimentale de l’IPC, s’est faite autour du constat suivant :
le déficit de ce type d’organisation sur le territoire national représentait un préjudice important pour la prise en charge des malades. Notre objectif, avec le lancement de l’Unité de recherche U119, soutenu par nos organismes de tutelle respectifs, l’Inserm de notre côté, et la Faculté de médecine pour l’IPC, était de fonctionner collectivement.
L’Unité 119 a ainsi été la première unité de recherche contre le cancer en France fonctionnant de façon intégrée, associant l’ensemble des cliniciens opérant sur des indications différentes – hématologie, cancers solides – et des chercheurs, et souhaitant développer les meilleurs projets de recherche, s’appuyant sur des technologies de pointe au service de stratégies thérapeutiques innovantes.

L’originalité de l’Unité était d’avoir réuni dès le départ avec l’hôpital, les conditions favorables aux échanges entre les laboratoires et la clinique. Les nouveaux projets de recherche s’organisaient ainsi grâce aux discussions nourries entre médecins et chercheurs.

Les liens entre l’hôpital et l’Unité de recherche, comme c’est toujours le cas aujourd’hui avec le CRCM, ont toujours été fluides et spontanés car les médecins, qu’ils interviennent dans les domaines des hémopathies malignes, du cancer du sein ou du pancréas, expriment des besoins précis pour améliorer la prise en charge de leurs patients. De tout temps, les échanges entre médecins et chercheurs ont permis de nourrir l’innovation en imprimant de nouvelles orientations de recherche dans les laboratoires.

L’expertise médicale et en pharmacologie au sein des laboratoires de recherche
Accélérer la mutation des profils « chercheurs Inserm » vers une culture d’ouverture à la recherche de transfert

Un autre clé du succès de l’Unité 119 a été d’avoir facilité le recrutement parmi ses effectifs, de médecins-chercheurs rompus au langage de la clinique, un atout qui a considérablement facilité les échanges avec l’hôpital. C’était le cas de notre équipe de recherche en Immunologie au sein de laquelle évoluait le Dr Daniel Olive, alors interne en médecine et spécialisé dans le décryptage des mécanismes d’activation des lymphocytes T : il s’est rapidement rapproché des cliniciens pour étudier la reconstitution du système immunitaire post-greffe de moelle osseuse. Ce mariage entre l’immunothérapie, la pharmacologie, la cancérologie et l’hématologie a permis la mise au point d’outils thérapeutiques innovants et visant à moduler la réaction immunitaire du greffon et à limiter la rechute après la greffe. De manière parallèle, le Dr Daniel Birnbaum, interne en médecine, a développé la caractérisation de nouveaux oncogènes dans le cancer du sein, et mis en place l’analyse moléculaire de ces cancers, et leur classification en sous-groupes, sur la base des altérations génomiques et de leurs conséquence sur l’expression des gènes impliqués. Ces développements ont été rendus possibles grâce aux interactions fortes avec les cliniciens et les anatomopathologistes, et ont bénéficié de la logistique du Centre de Ressources Biologiques – Tumorothèque.

Les grandes avancées correspondant à cette période (1985-2000) sont détaillées dans l’interview de Dominique Maraninchi (mAbs, greffes T déplétées, IL-2 etc.).

En conclusion, la période de maturité que connait actuellement le CRCM au travers de la grande compétitivité des projets de recherche et des technologies développés dans ses laboratoires, a été rendue possible grâce aux décisions de rupture prises depuis 50 ans par ses représentants, qui n’ont eu de cesse de faciliter les rapprochements entre la recherche et la clinique. Ensemble nous œuvrons à la mise au point de nouvelles stratégies diagnostiques et thérapeutiques pour les patients et de leurs familles.